Amina a New-York
Amina est une fille très cool. Son problème c’est qu’elle est tombée dans le piège de New York.
Le piège de New York c’est que cette ville hurle en permanence, à des kilomètres à la ronde, le chant des sirènes. C’est une fée brûlante et cruelle, qui fait oublier aux gens d’où ils viennent, elle aspire leurs âmes, et ils doivent lui rester fidèles alors, et lui jurer de ne plus jamais partir, aussi longtemps qu’ils ont un peu de sang frais et jeune dans les veines. Il n’y a pas de vieux ici, après cinquante ans les gens se barrent vivre ailleurs. Ou alors ils se font des cocktails jeunesse au Botox et au collagène qu’ils payent des millions de dollars, mais c’est peu cher payé pour la jeunesse éternelle…
Et cette putain de fée nous enivre, nous rend ivres d’elle, et possédés, on erre sans trop savoir ce qui nous attend, on croit qu’on vient vivre la vie, mais c’est la vie qui vient nous vivre ici, car Succube a pris possession de qui on est, en utilisant les chimères qu’on a quittées pour s’installer ici.
On oublie nos fantômes et on les remplace par d’autres, parce qu’ici c’est peuplé de fantômes, de cadavres vivants, bloqués dans un rêve qui n’existe pas. New York est le limbe de ce monde. NYC est une petite prostituée, une muse inspirante qui rend fou. New York est la pierre Philosophale. Elle est intense. Dure à digérer, violente. Charnelle. Traîtresse et menteuse. Magnifique et meurtrière. Incroyablement photogénique, et aberrante.
New York est une ville que je comparerais à une de ces petites putains dont la beauté et l’intelligence font tourner la tête de tous les hommes, si j’étais moi-même un homme. Je ne suis pas un homme, et New York reste une putain magnifique, une ‘bi-atch’ clinquante, pour laquelle n’importe quelle âme sensée se damnerait.
Imagine que ta ville soit sans cesse envahie par un million de touristes.
Imagine qu’à chaque coin de rue, on parle toutes les langues du monde, même des langues dont tu ne soupçonnais pas l’existence.
Imagine que la terre entière se soit donnée rendez-vous ici, que tout le monde vienne du monde entier et que tout le monde ait laissé tomber sa vie pour vivre ici.
Imagine qu’une odeur permanente de mort règne un peu partout, à chaque heure du jour et de la nuit, mêlée à une drôle d’odeur de vie, qui t’affame et te nourrit en même temps, sans jamais vraiment te satisfaire.
Imagine un tuyau planté dans ton crâne, qui te nourrit et t’abreuve d’idées en permanence, alors qu’un tuyau planté dans ton ventre te vide constamment de ton énergie.
Un tel endroit existe.
New. York. Fuckin’. City.
New York est pareille à ces légendes urbaines bien connues, tu n’y trouveras rien d’authentique, sauf si tu es très crédule. Tu n’y trouveras d’authentique à part la personne que NYC révèle en toi.
Tu n’y trouveras que ce que tu n’es pas venu y chercher. Tu en reviendras avec tout ce dont tu ne soupçonnais pas l’existence.
Il n’y a pas de fumée sans feu, il y a belle bien quelque chose d’insaisissable et de fascinant ici; New York est la capitale de ce monde malade, insensé, et sublime en dépit de tout.
Amina est tombée dans le piège selon moi, parce qu’elle ne fait rien de bien avec elle-même. Elle ne fait rien d’elle à part subir NYC, et je ne peux pas lui pardonner de se gâcher.
La peur n’est pas une excuse, on a tous peur, ça doit être le moteur, l’essence de nos vies, pas le fichu frein.
La vie est un putain de combat de boxe, et c’est dur, et injuste, et bien sûr que parfois on s’effondre, seuls sur nos genoux cassés et saignants, et alors, et alors?
Que ce ne soit pas un prétexte pour rater sa vie, ou pour descendre du ring, parce que le problème ce n’est pas la façon dont la vie nous traite, c’est la façon dont on décide de traiter sa vie.
Moi je suis prête à me battre. Je me bats tous les jours en fait: j’ai mes gants de boxe dans ma poche, et je n’ai pas peur de transpirer. J’ai le style, l’humour et le talent pour me battre, alors j’irai jusqu’au dernier round.
Rien d’autre ne compte.
Claire Michaud
Pour contacter Claire Michaud ou un autre auteur de la revue : revuenoiretblanc@hotmail.com ou laissez un commentaire .
Le piège de New York c’est que cette ville hurle en permanence, à des kilomètres à la ronde, le chant des sirènes. C’est une fée brûlante et cruelle, qui fait oublier aux gens d’où ils viennent, elle aspire leurs âmes, et ils doivent lui rester fidèles alors, et lui jurer de ne plus jamais partir, aussi longtemps qu’ils ont un peu de sang frais et jeune dans les veines. Il n’y a pas de vieux ici, après cinquante ans les gens se barrent vivre ailleurs. Ou alors ils se font des cocktails jeunesse au Botox et au collagène qu’ils payent des millions de dollars, mais c’est peu cher payé pour la jeunesse éternelle…
Et cette putain de fée nous enivre, nous rend ivres d’elle, et possédés, on erre sans trop savoir ce qui nous attend, on croit qu’on vient vivre la vie, mais c’est la vie qui vient nous vivre ici, car Succube a pris possession de qui on est, en utilisant les chimères qu’on a quittées pour s’installer ici.
On oublie nos fantômes et on les remplace par d’autres, parce qu’ici c’est peuplé de fantômes, de cadavres vivants, bloqués dans un rêve qui n’existe pas. New York est le limbe de ce monde. NYC est une petite prostituée, une muse inspirante qui rend fou. New York est la pierre Philosophale. Elle est intense. Dure à digérer, violente. Charnelle. Traîtresse et menteuse. Magnifique et meurtrière. Incroyablement photogénique, et aberrante.
New York est une ville que je comparerais à une de ces petites putains dont la beauté et l’intelligence font tourner la tête de tous les hommes, si j’étais moi-même un homme. Je ne suis pas un homme, et New York reste une putain magnifique, une ‘bi-atch’ clinquante, pour laquelle n’importe quelle âme sensée se damnerait.
Imagine que ta ville soit sans cesse envahie par un million de touristes.
Imagine qu’à chaque coin de rue, on parle toutes les langues du monde, même des langues dont tu ne soupçonnais pas l’existence.
Imagine que la terre entière se soit donnée rendez-vous ici, que tout le monde vienne du monde entier et que tout le monde ait laissé tomber sa vie pour vivre ici.
Imagine qu’une odeur permanente de mort règne un peu partout, à chaque heure du jour et de la nuit, mêlée à une drôle d’odeur de vie, qui t’affame et te nourrit en même temps, sans jamais vraiment te satisfaire.
Imagine un tuyau planté dans ton crâne, qui te nourrit et t’abreuve d’idées en permanence, alors qu’un tuyau planté dans ton ventre te vide constamment de ton énergie.
Un tel endroit existe.
New. York. Fuckin’. City.
New York est pareille à ces légendes urbaines bien connues, tu n’y trouveras rien d’authentique, sauf si tu es très crédule. Tu n’y trouveras d’authentique à part la personne que NYC révèle en toi.
Tu n’y trouveras que ce que tu n’es pas venu y chercher. Tu en reviendras avec tout ce dont tu ne soupçonnais pas l’existence.
Il n’y a pas de fumée sans feu, il y a belle bien quelque chose d’insaisissable et de fascinant ici; New York est la capitale de ce monde malade, insensé, et sublime en dépit de tout.
Amina est tombée dans le piège selon moi, parce qu’elle ne fait rien de bien avec elle-même. Elle ne fait rien d’elle à part subir NYC, et je ne peux pas lui pardonner de se gâcher.
La peur n’est pas une excuse, on a tous peur, ça doit être le moteur, l’essence de nos vies, pas le fichu frein.
La vie est un putain de combat de boxe, et c’est dur, et injuste, et bien sûr que parfois on s’effondre, seuls sur nos genoux cassés et saignants, et alors, et alors?
Que ce ne soit pas un prétexte pour rater sa vie, ou pour descendre du ring, parce que le problème ce n’est pas la façon dont la vie nous traite, c’est la façon dont on décide de traiter sa vie.
Moi je suis prête à me battre. Je me bats tous les jours en fait: j’ai mes gants de boxe dans ma poche, et je n’ai pas peur de transpirer. J’ai le style, l’humour et le talent pour me battre, alors j’irai jusqu’au dernier round.
Rien d’autre ne compte.
Claire Michaud
Pour contacter Claire Michaud ou un autre auteur de la revue : revuenoiretblanc@hotmail.com ou laissez un commentaire .
1 Comments:
"Imagine un tuyau planté dans ton crâne, qui te nourrit et t’abreuve d’idées en permanence, alors qu’un tuyau planté dans ton ventre te vide constamment de ton énergie."
J'aime beaucoup l'image, à la fois parce qu'elle est pure, et parce qu'elle est confondante de justesse...
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