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28.8.07

Deux Petits Raisins Secs

Il y a de l’eau de javel qui coule et qui m’éreinte, les premiers souvenirs de mon enfance et déjà l’éther, la douleur.
Je me souviens, de tout, l’odeur acre, les brûlures et ma mère qui frotte, qui frotte.

Je crois bien que c’est après cet événement que mon pére l’a fait interné.
Pauvre dame, une femme bien mais je crois que ses maladies ont fini par la submerger dans un univers de néant et de névroses qui nous détruisaient tous.
Elle voulait que tout soit en ordre, tout le temps, nettoyer tout avec de l’eau chaude bouillante ou de l’eau de javel pure, gratter le sol avec ses ongles s’il le fallait mais les germes, les germes devaient partir, c’était son obsession.

Elle contrôlait tout, on devait se laver les dents avec du chlore, laver les fruits avec de la térébenthine avant de les manger, nous laver les mains avant et après avoir touché quoi que ce soit (cela allait de la main d’un monsieur qu’on devait saluer a la télécommande du salon que maman ne voulait jamais voir avec ne serait-ce que quelques traces de doigts sur celle-ci, en tout temps l’hygiène entre notre poignet et notre index devait être impeccable).

Malgré tout, au début, mon pére avait du au moins tolérer les petites névroses de ma mère parce que je ne me souviens pas de les avoir déjà entendu se disputer.
Lui aussi avait eu une éducation stricte et il disait que cela ne pouvait nous faire que du bien, nous former un peu toute cette discipline et ce catéchèse de la propreté mais l’épisode de l’eau de javel a été la goutte de chlorure en trop et il a été brûlé cet abcès aussi bien que la peau de ma sœur Talia et la mienne, surtout que Talia a eu une érosion de la cornée du a l’hypochlorite après cela, pauvre Tania, elle a du perdre 1/3 de sa vue ce jour la et le reste ne lui a servi qu’a voir les claques de ma mère arriver.

Moi, je ne comprenais pas très bien ce qui se passait, c’est pourquoi d’ailleurs, a l’époque je me disais que ma mère voulait juste nous voir propre, propre enfin nous qui a ses yeux étions si sales, si sales tout le temps.
Il faut dire que ma sœur et moi étions pour elle les enfants du péchés, du moins c’est comme cela que le pére de ma mère nous appelait, notre grand-père donc, qui n’a jamais vraiment accepté que sa fille unique finisse par avoir deux rejetons avec un étudiant noir de passage.
Un trop plein de mélanine a laissé pour lui un goût amer, saleté qui a du mal a passer, quinine sans le bienfait.
Quand plus jeune, on passait nos vacances en Italie, mon grand-père nous appelait les petites mierdas, plus tard j’ai compris que ma mère nous javelliser pour mieux blanchir son péché, son erreur.

Mais cela n’a pas suffit et un jour, peu après qu’elle soit rentrée de l’hôpital psychiatrique, mon pére a baissé sa garde et a laissé ma mère nous amener, ma sœur et moi, pour une promenade.
Je pense que c’était la derniere fois qu’on la revu lui.
Si je me souviens bien tout s’est bien passé jusqu'à ce que ma mère nous amène au bord de la mer, elle a aperçu toute cette eau comme un grand bain immense d’où elle pourrait renaître en laissant ses péchés dans l’océan.

Ma mère est allée se baigner mais n’est jamais revenu, elle nous a abandonné dans la voiture et on a fini par brûler au soleil et plus tard la police a trouvé les corps calcinés de deux petits raisins secs.

Anthony Naglaa

Pour contacter Anthony Naglaa ou un autre auteur de la revue : revuenoiretblanc@hotmail.com ou laissez un commentaire .

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Superbe texte ! Une grande force d’évocation dans une belle construction spiralée qui nous ramène au titre au détour d’un récit bien mené.

11 octobre 2007 à 03:24  

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