]]>




Image Hosted by ImageShack.us

25.2.07

La Decadence de L'Ennui

Cette histoire se déroule quelque part sur la Terre au début du XXIeme siècle.

C'était une époque formidable, un temps d'innocence et d'allégresse pour la planète entière.Oh certes, dans certains pays régnaient encore la guerre mais bon, il suffisait de zapper sur MTV pour ne plus s'en soucier.
De la même façon, en Afrique, un ou deux génocides se préparaient mais personne n'en parlait vraiment à part deux, trois journalistes d'Arte. Des africains qui mourraient ce n'était pas vraiment ce que l'on pouvait appeler 'the news of the day'.

Ce genre de considération géopolitique intéressait encore moins les jeunes de mon age, en effet, la plupart des types de ma génération n'en avait cure de faire la révolution ou de changer le monde.
Et cette nonchalance intellectuelle n'était pas du au fait qu'ils étaient superficiels ( vous savez le genre de personne a avoir comme grand dilemme leur tenue vestimentaire, la brisure d'un ongle ou le fait que, je cite 'cette pétasse de Marie a acheté le même sac que moi' ), non, c'était juste parce qu'ils n'en avaient juste pas envie, voila, juste ça, c'était tout.

Mais, il faut pas croire, il y en avait qui avaient des convictions et puis de toute façon nous les jeunes on se battait déjà contre un monstre ignoble, un démon horrible qui frappait à toutes les heures et pas juste a minuit, a toutes les portes et peut-être bientôt a la votre, cette infâme créature avait un nom, l'ennui.

Alors forcément pour le combler cet ennui, et entre deux éjacs faciales de Marie Sophie (enregistrée en secret par son boyfriend puis disponible sur Youtube ), les jeunes de 18 a 35 ans s'occupaient comme ils pouvaient, certains jouaient au justicier, ils se divertissaient en aidant les pauvres gens, le plan 'Les Enfants de Don Quichotte', mais moi je suis pas si con ( comme même un peu mais pas tant que ça ), je sais qu'ils ont juste réussi à faire d'une pierre deux coup.

De un, ils ont enfin trouvé quoi faire de leur vendredi Soir ( parce qu'entrer en night-club des fois, c'est hard ) et de deux ils passent à la télévision ( selon les sondages, passer a la télé et par la suite devenir une célébrité est la préoccupation principale de 53 % des 13-25 ans ), bon accessoirement ils ont amusés deux, trois SDF mais les gens sans domiciles fixes, ils sont pas cons, faut pas croire, ils savaient très bien que ces bouffons repartiront en même temps que les journalistes d'amener leur caméra, ils cesseront.

Les jeunes bourgeois étaient de ceux qui s'ennuyaient le plus, en effet que faire dans une société de consommation quand on a déjà tout consommé et cela sans avoir rien demandé à personne.

Certains du XVIeme ont trouvé la solution, on se fait passer pour des victimes, on prend une caméra, on s'achète une ou deux bouteilles de champagnes et avec un peu de farine sur la table du salon de grand-maman, on se trouve un surnom top inglish et beau-papa nous fait passer à TF1.

Bon, la bien sur, il faut remettre les choses en contexte, je parle de deux extrêmes, de ceux dont l'ennui est devenu insoutenable et entre ces deux points de bipolarité lobotomisés se retrouvent des types comme moi, quasiment banal qui se contentent pour combler l'insoutenable (et légendaire ) légèreté de l'esprit de baskets Gucci a 600 Euros ( acheté sur Internet grâce à une fausse carte de crédit volée ), d'un jean Evisu a 250 $, d'une veste Armani a au moins 300 $ mais acheté pour 20 $ dans une friperie de Montréal et d'un T-shirt fait par un de ces potes.Ah, et aussi d'accessoirement d'un rendez-vous avec une jeune et jolie jeune fille de 20 ans rencontré quelques jours auparavant dans un de ces lounges a la mode remplis de pétasses siliconées ou de veilles de 30 ans légèrement liftées ( oui, je sais cela fait cliché mais ça reste quand même une réalité ) ou on écoute la même musique formatée de Cannes, a Tokyo, en passant bien sur même par Perpignan.

Comme chaque fois que je devais voir une fille, je stressais, j'avais les mains moites, la peur de ne pas assurer, la honte ( a l'avance ) de ne pas bander ( ça arrive même a 20 ans ), le cœur qui battait un peu trop fort.

Pour ces symptômes, bien sur, comme à chaque fois deux solutions : soit baiser une de ces ex a l'avance ou se défoncer.

Je choisis la deuxième.

N'allez pas voir dans ma décision d'intoxication un signe de faiblesse, non, au contraire, cela prend du courage de jouer au jeune coké, défoncé ( et encore plus de l'écrire ), tant de conformisme assumé, c'est un sacerdoce, une preuve d'un indéfectible sens d'un manque de personnalité.
En effet, en 2007, les vrais rebelles, les descendants de ceux qui d'antan mourraient au front, sont les jeunes de 18 a 35 ans, ni tatoués, ni percés et qui ne consomment pas de drogues. Moi, bien évidemment je n'en étais pas un (de rebelles...)
Tout cela, malheureusement, ne changeait pas le fait que j'étais là devant un immeuble de la rue Mont-Royal, vêtu de manière à dire, j'ai de l'argent mais je m'en fous légèrement ( car de nos jours il n'y avait que les pauvres pour tenter de passer pour des riches ( Les gens plus aisés financièrement ( et qui ont du style ) eux, savent que le plus important est de ne jamais passer pour ce que l'on n'est pas ( d'où les bobos, d'où les converses trouées qui datent de 2002 avec dans la poche, une Visa Or ))) et que j'avais rendez-vous avec une jeune fille rencontré quelques jours plus tôt.


Le premier rendez-vous était toujours assez délicat pour un homme de mon age, il fallait être prêt à toute éventualité et en quelques années sur le trottoir de Montréal, j'en avais rencontré des éventualités ( la courte liste de mes récentes éventualités comprenait Karima, la meilleure amie de ma soeur, avec qui j'avais eu une brève mais intense relation qui s'était terminée par une maladresse de décalage géographique ( j'ai malencontreusement éjaculé sur son œil quand elle voulait que je vienne sur son visage ( il est à noté cependant que Karima ne m'avait pas précisé l'endroit précis ou elle désirait que je fasse la chose d’où ma maladresse ), après elle j'avais rencontré Nola, la femme de ma vie, on est resté quatre mois ensemble, les quatre plus beaux mois de ma vie, je l'avais aimé d'amour et elle m'avait trahie, après le décès de son père elle avait tout quittée pour aller vivre à Paris ( quelle ironie, moi j'avais quitté Paris pour Montréal, arrivé à Montréal je rencontre la femme de ma vie qui me quitte pour aller vivre à Paris ) puis j'ai croisé Laura la schizophrène, Cynthia la nymphomane échangiste, sans oublier Blondie dont je n'ai jamais connu le vrai nom mais que j'ai quitté quand je me suis aperçu que ma carte de crédit, ma carte de débit et mon compte chèque avaient été siphonnés par elle et cela sans qu'elle ne m'en demande la permission ( je n'ai jamais su comment elle avait fait d'ailleurs ), il ne fallait pas bien sur oublier Christiane et ses vaginites a répétitions ni Laura que j'ai quittée par SMS……… , bref j'en passe des conasses et parmi les meilleures, de l'Europe a l'Asie.

Je me suis mis à penser à toutes ces folles qui ont croisé mon parcours, ces poupées russes que j'ouvrais sans fin et je me suis rappelé que ma jeune et jolie jeune fille de 20 ans n'était pas si extraordinairement mignonne que ça et même, en y repensant, un peu repoussante.Je me suis rappelé aussi la façon peu classieuse qu'elle avait eue de se baisser devant moi avec sa pose a la ‘oh, j'ai fait tomber mon rouge a lèvre alors je vais me baisser doucement et lentement devant toi et te montrer mon cul parce que je sais que vous les noirs, vous aimez ça’ et j'ai décidé de rentrer chez moi.

Il y aura sûrement un porno à regarder sur Internet avec deux filles qui rentrent leurs doigts de pieds dans le vagin d'une troisième, fascinant et pour combler l'ennui, j'écrirais sûrement une nouvelle ratée (mais qui sera sûrement la meilleure que je n'aurais jamais écrite) sur cette soirée avortée.

Pour contacter Anthony Naglaa ou un autre auteur de la revue : revuenoiretblanc@hotmail.com
Creative Commons License
Ce/tte création est mis/e à disposition sous un contrat Creative Commons.