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16.3.08

Cruauté

Je me promène. Je veux dire dans ma chambre. Le voisin parle d'une fuite d'eau. Mes yeux ne sentent rien. On donne beaucoup. Je veux dire. Je donne beaucoup. Je ne me résume qu'à une boule de fraise et une encre marine. J'ai divisé des parties de mon corps. Je n'ai aucun appel passer minuit. Les années passent et je me dévisse. J'ai peur. Il y a du sang dans le lavabo. Les tuyaux mangent. C'est drôle toutes ces aberrations pour arriver à solitude. On ne me laisse jamais une deuxième chance. On dit cerner. On dit petite. On dit lointaine. Je cherche un aventurier. Ce n'est pas forcément un être. Je ne sais pas. On parle aux plantes. Je suis surtout cactus. La résistance. Le plombier va m'entendre.

Sandrine-Léonard

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30.1.08

Mauvaise Passe

C'est pas de ma faute, je dis. Le shit, ça me rend morose. Mais pas possible de lui raconter tout le reste. Ca ressemblerait trop à un balbutiement littéraire d'une jeune pétasse qui se plaint de se faire baiser sous cocaïne et d'avoir trop de fric. Notre problème, nous, c'était le fric, justement. Nous avions tant besoin l'un de l'autre qu'on en oubliait le reste et qu'à force de pas de travers je me suis faite virée de ma compagnie. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à sentir ma peau gonfler sous ses désespoirs. J'avais un amour de petite fille. Je l'aimais plus que moi-même et je déprimais de le voir désemparé face à la disposition galérienne de notre trajectoire commune. Moi, rejetée de mes consoeurs salopes de la compagnie, lui, errant de bars en bars à la recherche d'un salaire au black capable de lui payer sa dignité. Ces pétasses ont commencé à me considérer de travers dès qu'elles ont senti que je ne rentrerais plus dans leurs jeans. Comme si pour s'aimer, il fallait pouvoir se refiler toute une armée de jeans 36 délavés et puant la sueur. Le laisser-aller ça n'a jamais plu à personne. Il y eut encore quelques cafés. Puis je refusais leurs invitations à faire du shopping. Nous n'avions pas la même bourse ni le même tour de taille. Un fossé de 5 ou 6 kilos s'était creusé entre ma vie d'avant et moi-même. Elles ont cessé de m'appeler. Je n'avais d'yeux que pour lui, lui qui ne se regardait plus de face. Alors, la fumée était une issue facile. Un temps mort dans notre chute. Une chute banale, comme on aimerait tous avoir vécu en guise de clôture de notre adolescence, la crise fantasme de tous les petits bourgeois qui se la jouent le soir et l'oublient au petit jour dans les draps en coton satiné pliés par leur maman.

Alors je me tais. Certaine encore du pouvoir de mon silence et consciente que mes mots, s'ils sortaient, ne sauraient exprimer la véracité de ce qu'il envisageait comme une crise de riche. Et dans ma tête résonnaient ces derniers mots. C'est pas ma faute. Pas ma faute. Cette sensation étrange qu'on ne saura pas expliquer à quiconque la profondeur de notre chute, je ne l'ai plus retrouvée ensuite et elle m'a manquée. A l’avenir, je sus parfaitement prononcer les bonnes paroles en toutes circonstances, faire passer des choses merdiques en expériences de vie formidables mais ces secrets sont restés derrière la porte de cet homme froid, dur, qui profitait de la situation. Ma peau coincée entre les boutons de mon pantalon trop serré, le t-shirt qui remonte sournoisement à cause de la position assise, rebiquant pour dévoiler ma chair débordante, je ne peux pas retrouver mes moyens, mon aisance de langage qui a disparu avec ma silhouette de danseuse. Durant les temps morts où il ne s'entête plus à me reposer la question, je pense à tout cela. Et ça me fait l'effet du dernier instant, celui que l'on décrit dans les films ou les livres comme le déroulement de sa vie à toute vitesse. Souvent cela se passe lors d'une chute du trente-sixième étage, mais là, je suis simplement assise et les minutes qui me séparent d'une fin énigmatique semblent des heures. Il faudrait expliquer tout ça, tenter de me dédouaner, sans le couvrir. Comment le dire, sans que cela m'injecte un coup brûlant dans le crâne, sans que je perde à tout jamais cette sorte de coeur ouvert qu'il représente sous cette couche de peau grossière. Je revois le premier geste d'impudeur. Un soir il est rentré à l’appartement et il m'a dit: C'est fini, Jeanne, on arrête de vivre ça. Et pour arrêter ce rien, il faut se séparer, diviser en deux nos soucis pour mieux les surmonter. Comment ces mots ont-ils pu fuser hors de sa bouche tendre, de son palais soyeux? Je n'en sais rien. Ce que je sais c'est la façon folle dont ils ont frappé mon oreille et jusqu'à mon crâne. J'ai dit NON. Et je suis partie. Sans savoir où, bien sûr. Sous l'abribus du Père Lachaise, la pluie coulait à cause d'un trou. Mon t-shirt déjà trop moulant s'est mis à me coller la poitrine, un homme m' a souri. Je n'ai pas su comment prendre ce sourire mais cet à cet instant que j'ai compris que ce pauvre corps inanimé, croulant sous une graisse étrangère pourrait encore servir notre amour, une fois, rien qu'une fois. Je me revois en train de m'inventer des sourires de salope dans le reflet de la carte contre le mur transparent et trempé. Devant Terne, j'ai ouvert ma bouche lentement, souriant d'une manière sensuelle, je crois. Face à Pigalle, j'ai touché un de mes seins en souriant par le bas, relevant mon port de tête et misant sur le regard de biais, j'ai offert mille possibilités indécentes au métro Commerce, mais c'est bien à Père Lachaise que ça a pris corps, si l'on peut dire. Echouée les jambes lâchée sur le banc humide, attendant que la pluie cesse pour bouger, un homme s'est arrêté. Jolie voiture, cuir intérieur. Rien de tout cela n'était programmé. Je n'ai pas attendu sa question. J'ai dit 400 ou rien, mais tu verras je suis exceptionnelle. Je n'avais aucune idée de l'exceptionnel en matière de sexe. Je ne pensais qu'à lui, mon amour. Qu'à lui rapporter vite de l'argent. Le reste, reste derrière nous. J'ai reçu 550 euros et il m'a déposé au petit matin, fatiguée et débraillée, en me plaquant une dernière fois la bouche sur son sexe gluant. Quand je suis rentrée, il m'a frappée en voyant ma panoplie explicite et le liquide dans ma main droite.

Il a été arrêté le soir même. Nous n'avions pas pu payer à temps les factures Edf, je l'attendais dans le noir quand un policier est entré chez moi. Il m'a embarquée. C'était fini. Une mauvaise passe, comme ils disent dans les polars. Une réalité qui se plaquait aux fictions les plus incrédules dans un froid qui me glace toujours les os. Et mon visage poupon qui ne collait pourtant pas avec le décor.

J'ai su après. Il avait trouvé le numéro de mon client, mon unique client dans le derrière de mon jean. Ensuite, tout a été très vite. La seule chose que j'ai pu dire, c'est de ne pas appeler mes parents, des gens bien vous savez, ils sont médecins, à la clinique de Neuilly, je ne voudrais pas que tout cela leur fasse du tort.

Alors ?,hurle-t-on dans mon oreille gauche. Assise devant cet homme dur, je sens bien que je deviens une autre. Je me surprends encore à prier pour que tout cela soit une sale blague et qu'on se réveille demain. J’ai la chair de poule, la pièce est humide, mes yeux restent pourtant secs, je suis dépouillée d’une partie de mon cerveau. Heureusement que j’ai encore ces joints dans le sang. Ils me rendent mélancolique mais m’empêchent de tout perdre. Comme si je me raccrochais à quelque chose d’abstrait. Une sensation, une émotion interne. Comme celle que j’ai ressentie lorsque je suis partie de la maison de famille avec, dans mes valises, l’image floue de mon père frappant sa tête sur la table en verre à cause d’un trop plein d’alcool. Mauvais tour. Si le gros bonhomme froid me laisse tranquille, je promets d’accepter ma part d’héritage qu’il a voulu me laisser en échange d’un silence lourd à porter. Encore une fois me voilà à tricoter un silence derrière mes paupières. Et je vois les évènements passés à la lueur nouvelle de cet état de non-retour dans lequel nous nous sommes entraînés, seuls, comme des grands, alors que nous avions le choix. Il ne faut jamais céder totalement à une crise de post-adolescence. Je ne saurais pas dire pourquoi tous les deux nous avions voulu jouer aux gangsters ridicules. Ce que je sais, c'est que j'ai fait ça avec amour et pour lui. C'est précisément pour cela que je ne dirai rien aujourd'hui. Rien du tout. Pour lui éviter le pire. Pour le voir sortir avant dix ans.

Olivia M

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12.11.07

Ethique des zincs

"Les gens qui se bourrent la gueule se la bourrent n'importe comment, de toute façon", me racontait l'autre jour une connaissance qui ne pourrait jamais devenir un ami. Notamment parce qu'il n'avait rien compris. Le type qui pense sincèrement qu'il existe une seule manière de se bourrer la gueule (c'est à dire boire jusqu'à tomber), n'a jamais été ivre, ou alors le niera jusqu'à la fin de ses jours... et donc, dans un cas comme dans l'autre, ne sera jamais un ami.

Il existe autant de façons différentes de se bourrer la gueule que de façons différentes de sourire à pleines dents pourries, de descendre une côte escarpée sur le dos, de draguer une jolie femme ou de jouer avec son gamin en bas âge. Les gens qui pensent le contraire n'ont jamais, selon les cas, souri à pleines dents pourries, descendu une côte escarpée sur le dos, dragué une jolie femme, ou joué vraiment avec leur lardon en bas âge. Les gens qui pensent le contraire ne sont pas mes amis - et ne le seront jamais, à moins qu'ils ne parviennent à faire sur eux-mêmes un effort théorique auquel je ne crois pas beaucoup pour le moment.

Non. Il existe autant de façons différentes de se bourrer la gueule qu'il en existe d'être autiste. Un autiste pour un autisme, m'a-t-on toujours inculqué à raison (Rain Man n'étant qu'un épiphénomène - je ne connais pas d'autiste Rain Man - sinon, d'ailleurs, je serai riche et l'autiste en question aurait joué dans Tootsie). Un alcoolisme pour un alcoolique, aussi, pour toujours et à jamais.

Il existe, de fait, des tas de façons différentes de se bourrer la gueule. Prenons un exemple simple : les gens qui se défoncent la tronche à la bière, et exclusivement à la bière. Par définition, ce type d'éthique reste indissociable de certains fondamentaux évidents. Se retourner la tête à la bière, par exemple, exige qu'on soit entre mecs, ou, à tout le moins, entre gens qui ne visent à aucun niveau la séduction. La convivialité prime, les rots sont autorisés, la bêtise crasse et l'affaissement des paupières pas moins. On est dans un monde de bière - présent au fond du ventre, langoureux dans l'âme - mais l'amour n'existe pas, quand on boit de la bière. Nous avons tous entamé des discussions sérieuses autour d'une bière, qui se sont achevées dans la glauquerie benête la plus sympathique du monde. On appelle ça, simplement : se bourrer la gueule à la bière.

Mais il existe des tas d'autres variantes. Et c'est bien pour ça que l'alcoolisme dispose de toutes les meilleures raisons pour perdurer. Cet enfoiré. Ah ben oui, parce qu'on peut aussi se transformer en zombie imbibé uniquement à base de champagne (nous nous sommes probablement tous rendus à un mariage, ou à une remise de prix, ou à l'un de ces évènements qui, d'une façon ou d'une autre, semble nous imposer non pas de nous tenir droit, non (bien au contraire), mais de nous faire vaciller uniquement au rythme des "plops".) Ce genre d'environnements au sein desquels commander un whisky nous classe à l'extrême, et exiger une bière frôle l'incident diplomatique. Non. Ici, c'est champagne, mon gars.

Vous notez déjà la différence. La bière nous enveloppe lourdement, comme une catin pas forcément jolie, certes, mais prête à tout. Le champagne, en revanche, nous grimpe au cerveau de manière nettement plus pernicieuse - il nous caresse la jambe avant de s'enfuir, piteusement. Le champagne nous laisse seul, et profondément, au bout du compte. Mais il est comme une drogue immédiate et éphémère : il nous permet de n'être rien que pendant quelques secondes, tandis que la bière nous ramollit à long terme. On raconte plus de conneries quand on est plein de bière, mais on les profère moins vite. Chaque passage aux toilettes nous aide à reprendre, un bref instant, entre nos mains, les poils de notre propre bête pour tenter de l'apaiser un instant. Vous savez, le moment où l'on se tient au mur, en le fixant comme s'il était un miroir (alors qu'il n'est qu'un mur sale enrichi de tags plus ou moins brillants, en fait), et qu'on lui dit quelque chose comme : "toi, mon gars, tu peux faire quelque chose de ta vie", alors même qu'on sait très bien (ou pas d'ailleurs), qu'à cet instant précis on ne parle pas à ce mur (qui n'est rien, finalement, et qui, donc, ne peut pas faire grand chose de sa vie, qui n'existe pas vraiment, en fait), mais qu'on se parle à soi-même (un soi-même qui, d'ailleurs, n'est pas grand chose non plus, en l'occurrence, mais peu importe), sans trop oser se l'avouer.

Ok, d'accord. J'ai simplifié le propos, sans l'ombre d'un doute. C'est assez vrai : la bière du tout-venant, d'un côté, et le champagne des riches (vous croyez encore que le champagne, c'est pour les riches, franchement ? Non, non. Le champagne, en fait, c'est pour les parasites, ni plus ni moins.), de l'autre côté. D'accord. Mettons. Vous avez tort, mais mettons. Alors, développons tout le fil du truc :

- la bière, c'est une catin facile, un peu rude certes, mais qui vous semble familière. Vos propos se troublent, mais lentement. Votre élocution se fait moins distincte, mais tout le monde les suit si tout le monde vous suit.

- le champagne, donc, vous débloque le cerveau sur des fulgurances rances, certes, mais qui vous semblent géniales sur le moment. L'effet ne dure pas, il vous en faut plus.

- "Et la vodka, alors ?" Ah, la vodka, c'est très différent. La vodka vous ruine presque dès la première gorgée. Elle fait fi de tout le reste, vous brise les rotules, et nettoie la table, comme aurait pu l'écrire Descartes en français s'il avait été un peu moins snob (ou alors partisan de l'Internationale, sans doute). La bière s'immisce, le champagne crépite, mais la vodka vous flingue. La vodka vous fait oublier tout, le nom de votre mère, la retenue, le délire initial. La vodka vous fait frissonner ferme, parce qu'elle est froide, mais elle vous sussure, pas farouche, des mots intelligents à l'oreille. La vodka est l'amie des vrais poètes. Elle le sera toujours. Jusqu'à la cirrhose de ces derniers.

- "Bon, très bien. Mais la téquila, là-dedans, où est-ce que vous la classez ?" - La téquila ? Faites-moi rire. Que celui qui n'a jamais vomi après un excès de Téquila-paf me jette la première pierre. La téquila, de nos jours, et si on veut tenir un peu la distance, ne peut être bue que dans le cadre extrêmement ouaté d'une Margarita (et il en va un peu de même avec la Caïpirinha, fille ouatée de la cachaça). Margarita ou Caï, c'est un peu la même histoire : un bon délire pour la première ou la seconde d'entre elles, et un beau tag à grumeaux involontaires dès la suivante. La meilleure façon de mourir en bonne sociabilité. Mais la meilleure façon de mourir quand même. Sans rien laisser derrière.

- "Ah oui, et le rhum, alors ?" - Le rhum, mon petit pote, c'est totalement différent. Il est même presque vexant, à mon avis, que tu l'aies classé, dans ton ordre maladif, entre la divine vodka et cette souillon de téquila. Le rhum, de source sure, c'est l'alcool qui rend fou. L'absinthe a été interdite en France, donc, et elle est refourguée à pleins tonneaux, coupée de tout et n'importe quoi, dans les tréfonds de quelques bars gothiques qui aiment bien faire semblant ? Parfait. De toute façon, l'absinthe coupée, ça n'est rien d'autre que du mauvais Ricard - un truc qui soigne les miasmes. Mais le rhum, bordel. Le rhum. Là, je te le dis, c'est un peu comme si tu avais placé un pantin grotesque entre deux despotes éclairés (en plus de ça, le grog soigne mieux les miasmes que n'importe quelle absinthe - j'en suis la preuve (presque) vivante). La vodka éclaire parce qu'elle transforme en poète. Le rhum éclaire parce qu'il transforme en doux dingue. Entre les deux, la Téquila éteint parce qu'elle transforme en cadavre exhalant son dernier souffle. Tu mélanges tout, l'ami. Le rhum est le roi des alcools, et une cuite au rhum dépasse (de très peu, certes) une cuite à la vodka, parce qu'elle est à la fois parfaite, comme la seconde, mais aussi géniale, à la différence de toutes les autres.

- "Bien, et que te reste-t-il en stock ?" Que me reste-t-il en stock ? Tu es certain que tu n'as rien oublié, interlocuteur fictif ? Le whisky, par exemple ? " Ah oui, c'est vrai." Absolument, c'est vrai. Le whisky, c'est encore différent. Le whisky, quand tu l'ingères, te crame d'abord la langue, puis te gonfle la glotte (qui te hait systématiquement, quand tu en bois - mais il faut la comprendre, aussi, la pauvre chérie), puis se loge au creux de ton estomac pour te raconter des histoires indicibles. A ce moment là, et à ce moment là seulement, tu peux juger s'il est bon - pas selon les magazines en papier glacé, bien entendu, mais selon ton ventre (ta seule jauge en cas de cuite) : si son arôme grimpe en retour le long de ton œsophage, jusqu'à te cogner de saveurs riches à l'arrière des dents, il est bon. S'il appuie de ses deux mains de boule de whisky sur ton gros colon jusqu'à t'indisposer, il est médiocre.

"Les gens qui se bourrent la gueule se la bourrent n'importe comment, de toute façon". Pfff... Le dernier type qui m'a dit ça aurait mérité, non pas de se retrouver la gorge ouverte sur un caniveau, mais de vivre une vie paisible à grands coups d'ennuis savamment célébrés, orchestrés - ce qui est bien pire, sans doute. Il aurait mérité que je l'applaudisse à son mariage, que j'embrasse le crâne de son gosse, que je le soutienne lors de son premier divorce, que je le méprise alors qu'il se tape des gamines de vingt ans de moins que lui pour se donner un genre et que je m'ennuie avec lui, des années durant, tandis qu'il me fatigue à me raconter ses graves problèmes existentiels. Alors même que son gosse, grand garçon maintenant, m'appelle pour que je vienne le chercher à peu près n'importe où. Comme tout le monde, en fait.

Les gens qui se bourrent la gueule, et qui aiment vraiment ça, ne se la bourrent pas n'importe comment. Ils se la bourrent à la bière avant que la jeune fille ne se pointe, au vin blanc pendant qu'ils parlent avec elle, à la vodka quand ils tentent leur approche et au rhum si elle veut bien les suivre dans leur mouvement. Ils se la bourrent à la bière entre amis, puis à la bière entre amis, puis à la bière entre amis, puis au whisky lorsque des nanas se pointent. Ils se la bourrent au vin rouge pour rompre, au champagne pour célébrer leur célibat, puis à la téquila pour mourir, juste après. Ils se la bourrent au B52's parce que c'est leur anniversaire, au Mojito parce que leur nana s'y est rendue, ou au Get 27 parce qu'elle n'a pas montré le bout de son nez. Ils se la bourrent au Monbazillac au premier rendez-vous, au Tariquet au second, au rhum arrangé au troisième, au Sex On the Beach au quatrième, au Martian Sperm au cinquième, à l'After Eight au sixième, au Long Island au moment de la rupture, puis à la Suze, en attendant l'occasion d'ouvrir le prochain Monbazillac à nouveau.

Ils se la bourrent à mort, de toute façon, mais toujours en fonction des circonstances. On ne picole pas seul comme en groupe. On ne picole pas en tête-à-tête amoureux comme en enterrement de vie de garçon. On ne picole pas l'âme tranquille comme la mort dans l'âme.

"Les gens qui se bourrent la gueule se la bourrent n'importe comment, de toute façon" Mon dieu. Non.

Il existe une éthique des zincs, connard. Et si tu ne le sais pas, c'est que tu n'as jamais su boire.


F.W. Jonas

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Blanc sur blanc

La vie commence après dix-huit heures. Assez de diagrammes circulaires, d'états périodiques de trésoreries, d'amortissements, d'actifs, de transferts. Assez de réunions de service où des responsables arrogants assènent des objectifs, mobilisent des énergies pro-actives, perpétuent le culte de l'entreprise qui gagne. Assez de subalternes paresseux, de secrétaires analphabètes, de stagiaires sous-payés et sur-qualifiés. Cliquer sur « démarrer ». Clore la session administrateur. Refermer soigneusement la porte. Oui, à dix-huit heures, tu reprends les rennes de ton existence. Te voilà un homme rétabli dans ta légitimité. A nouveau, c'est toi qui soulignes.
Les couloirs gris de l'entreprise. L'accueil, une bise à Martine, bonne soirée, à demain. Sur le parking, personne ne bloque ta voiture - de quoi envisager sereinement un retour à la surface. Une priorité à droite, deux ronds-points, une avenue du Onze Novembre, un boulevard de la République. Un créneau à gauche. A trois cents mètres, la récompense : le bar « Au grand sérieux ». Une goutte, un coup, un petit blanc bien frais, au comptoir. Le premier, c'est pour calmer tes nerfs. Après, tu observes. Le patron houspille son serveur. Un grand échalas mal rasé coche les cases d'une grille de Loto sportif avec une application dont il fait rarement preuve au bureau - sauf quand il s'agit de changer les piles de l'horloge murale ou de remplir un gobelet en plastique de café bouillant. Un exemplaire fatigué de l'Equipe traîne sur une table encore encombrée de tasses vides et de miettes de sucre : le club de ton coeur a essuyé une sévère défaite, dix-neuvième du classement après quinze matches, médiocrité récurrente, le club jouera le maintien. Un deuxième blanc, tiens, pour te requinquer. Et pour accompagner les nouveaux entrants - d'autres travailleurs de l'ombre. Un troisième, souvent, il y a toujours quelque chose à arroser, la signature d'un contrat précaire, une augmentation de onze euros, une incroyable victoire dans le temps additionnel, un week-end de trois jours. Parfois, c'est le patron qui régale. Tu l'envies, celui-là. Au moins un qui aime son job.
La chaussée défile à plusieurs dizaines de centimètres de tes mocassins. Il faut se souvenir de l'endroit où est garé ton carrosse. Enchaîner les pas, aussi, sans trébucher, ce serait dommage - tu n'es même pas saoul, juste un peu gai. Rentrer au bercail. Les feux, les intersections, les changements de file. Slalomer entre les cyclistes, surveiller les piétons, anticiper les ralentissements, dans une atmosphère de délicieux engourdissement. L'asphalte se déroule comme un prodigieux tapis rouge. Le flash info de vingt heures se mêle au vrombissement du moteur, un attentat suicide a fait vingt morts en Irak, un Fabiusien publie un pamphlet anti-blairiste, il faudra songer à faire le plein d'essence avant que le baril franchisse la barre des cent dollars. La voiture te ramène à la maison, sain et sauf. Tu t'en sors comme un chef.
On te dit drôle et généreux. Tu n'as pas froid aux yeux. Tu pourrais faire pousser n'importe quoi dans un jardin de pierres. Mais comme mari, tu as toujours été un cauchemar. Quarante ans, deux mariages, deux échecs. Des traits tirés, des migraines, des cris. Elles ont déchanté, elle ont hurlé, elles ont disparu. A chaque fois, tu t'es accroché aux brouillards de l'alcool comme à une bouée. Ça t'a sauvé. Les liquides alcoolisés et toi : une histoire qui dure. Vous ne faîtes qu'un contre les nuées fantomatiques de l'adversité. C'est du solide. Même si les mauvaises langues prétendent le contraire, inversant cause et conséquence, estimant que la boisson a tout flétri sur son passage. N'importe quoi, souffles-tu en sifflant une bière. Certes, le frigidaire paraît rétrécir sans cesse, plus assez de place et trop de bouteilles. Mais ce serait mal connaître ton allié et ses troupes grandissantes. Elles sont là pour ton bien.
A ce stade, en général, le micro-ondes entre en jeu. Une barquette en aluminium, boeuf bourguignon, navarin d'agneau, cassoulet : que les plats cuisinés soient chaudement remerciés pour l'aide qu'ils t'apportent. Cela te laisse beaucoup de temps à tuer. S'enfoncer dans un fauteuil, passer d'innombrables heures devant ton téléviseur. Traîner jusqu'à plus de minuit sur les chaînes du satellite, Derby du championnat des Pays-Bas, éliminatoires de la Copa America, tournoi indoor de Johannesbourg. Parfois, la championne olympique du cent mètres dos laisse sa place à une fille à la peau caramel, moins habillée, et qui pousse des cris gutturaux, même quand elle a la bouche pleine. Mais ça ne dure jamais bien longtemps, juste de quoi remplir un mouchoir, parce qu'au fond ça te déprime, toute cette misère sexuelle.

De temps à autre, il y a de vraies femmes. Des buveuses chevronnées que tu rencontres dans des rades tristes. Ça trinque, ça parle de gosses déjà grands, mais ça fait rarement des blanquettes le dimanche, les enfants ne viennent plus, trop de chutes dans l'escalier, trop de trous noirs. Elles ont l'alcool triste. Suffit alors d'éviter que les pleurnichardes tombent dans les vapes - tu les ramènes vite chez toi, hop, et que ça saute. Il y a Internet, aussi, les solitudes virtuelles des forums de rencontre. Slalomer entre les pseudonymes, tailler la bavette, s'inventer des affinités. Donner des rendez-vous dans des repaires plus propres, où les serveurs pianotent sur des télécommandes et où les vins du mois ne piquent pas le palais. Ressortir la veste de velours, le peigne, la voix grave. Parler posément, user d'alcools plus nobles, insister sur les années d'apprentissage, celles qui appellent toujours des sourires attendris. Espérer éviter les soeurs de collègues ou les infirmières en psychiatrie. Essuyer, en général, des refus polis : une longue journée de travail, des histoires de rhume et de migraines, une autre fois sans doute. Offrir quand même les consommations. Tandis que la marée se retire, que la secrétaire médicale te tend la joue, que la vendeuse de sous-vêtements te file un faux numéro, te promettre de ne pas recommencer.
Un soir, pourtant, une nuit glaciale de la fin janvier, une femme dit oui. Entre deux âges, télé-vendeuse de produits surgelés, un fils ingénieur parti travailler au Canada ou en Irlande. Vous êtes tous les deux perdus - mais perdus au même endroit, on progresse. Son corps nu emballé dans un drap, impérial. Pas de lampées, pas de rasades, juste l'envie de la regarder dormir. Plus tard, la même nuit, la bouche sèche. Sa cuisine, une bouteille de Chablis à peine entamée. Ça descend dans ta gorge. Sur la route de la chambre, un miroir. Avachi, ravagé - dix ans de plus, facile. Un pilier de bar rabougri qui prétend avoir quarante ans, quelle blague. Au bout de cinq minutes, tu as envie d'arrêter de boire. Tu te dis qu'elle t'aidera. Dans le salon, tu ramasses ton manteau. Tu remarques une photo sur la commode de l'entrée, une photo d'elle. Si tu te débrouilles bien, elle pourrait la remplacer par une photo de toi, un de ces quatre. Des plans se dessinent, des routes se construisent, où tu tiens sa main, où tu lui demandes si elle a envie de manger chinois, de voir un film à pop-corn, d'acheter une table basse en cerisier. Droit dans ses yeux, tu promets déjà ce que tu as promis à d'autres. Une promesse d'ivrogne.

Le lendemain, ou bien un autre jour. Tu te lèves tôt, la langue est pâteuse, la tête dit je ne veux pas y aller. Tu voudrais rester sous la couette, simuler une angine carabinée, comme dans ton enfance. Personne pour signer ton mot d'absence. Alors le parking, ta place habituelle. Un coup d'oeil à ta montre, neuf heures à tenir, une éternité. Une bise à Martine, parfois une petite blague, pour montrer que tu es de bonne humeur.
« Bonne journée! »
Un bref sourire. L'ascenseur arrive. Tu t'y engouffres, et là, naturellement, tu commences à mourir.

Arnaud Dudek

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26.10.07

Piliers de rades

Qu'est-ce qu'un pilier de rade, au fond et après tout ?
Un pilier de rade est précisément la personne à laquelle vous ne prêtez aucune attention alors même que vous pénétrez dans un bar. Et qui ne vous en veut pas pour ça - mieux, c'est la personne qui pense sincèrement que si elle ne doit pas vous en vouloir de ne pas l'avoir remarqué, c'est exactement parce que, dans sa vie ou dans sa journée (ce qui revient à peu près au même, en l'occurrence), pour une fois, elle ne sert enfin à rien, au sens de l'utilité d'une personne qui servirait à quelque chose, et à qui on demanderait, les yeux dans les yeux, de servir plus encore, plus toujours, jusqu'à la déraison.
Le pilier de bar est un être presque végétal, posé, posté là en tout cas, qui vous remerciera silencieusement, et sans même le savoir, de l'avoir laissé vivre en tant qu'inutile profond, qu'être translucide, que copain de quatrième zone sans réelle existence.
Le pilier de rade vous remerciera toujours, silencieusement ou non, de penser qu'il n'est pas là. Il viendra chaque jour, au même endroit, cultivant ainsi l'espoir ultime de pouvoir être, à un moment ou l'autre, assimilé par les plus fidèles du bar à une teinture murale ou une boîte à cacahuètes. A un Rien, présent quand même.
Pour une fois, ce soir et les soirs d'avant, on ne lui demande rien. Pour une fois, ce soir et les soirs d'avant, le barman l'accueille d'un "bonjour" qu'il n'offre, tel quel, à aucun autre, et qui lui suffit. Il est triste, il est seul il est mal, mais là il se sent bien. Il sait, posé à l'endroit où il est posé chaque jour, dans ce creux de rien qu'est le zinc d'un bar, qu'il peut lui arriver aussi bien tout, très rarement, que n'importe quoi, de manière nettement plus fréquente.
Vous l'ignorez ? Il vous remercie. Vous lui laissez vivre sa vie de plaies rentrées et d'accusations oubliées - il vous en remercie. Vous jouez, au contraire, la carte de l'amitié benoîte, et il peut, il doit, il ne peut que, vous tuer.
Un pilier de rade, c'est un soutien de rade, qui voudrait disparaître définitivement dans les combles, tranquille, au moins jusqu'à demain.
Un pilier de rade, c'est un mort en sursis qui espère pouvoir passer de bonnes heures riches pendant les quelques moments qui lui restent.
Un pilier de rade, ce n'est pas toi, ni moi, mais ça pourrait bien être nous deux, eux deux, ensemble et pour toujours.
Un pilier de rade, c'est un cadavre ambulant, le sourire aux lèvres et la pinte à deux doigts des veines battantes de sa gorge.
Le pilier de rade, c'est le client d'un rade que je considèrerai toujours avec le plus grand respect, parce que c'est un héros courageux qui a décidé de se flinguer à petit feu, certes, mais en public. Quelqu'un qui est reconnaissant quand on se souvient de son nom et qui sait, pourtant, qu'il rentrera seul dans sa misère.
Le pilier de rade, quand il sourit, porte la haine du monde - celle que le monde lui inspire, celle que le monde lui renvoie - et l'espoir de l'improbable.
Tout ce que j'aime dans un bar, c'est qu'il s'anime, et vraiment, d'une manière ou d'une autre. Et rien de tout cela - bien ou mal, triste ou joli, féérique ou cataclysmique - ne peut se dérouler, jamais, sans l'interaction d'un pilier. Qui va calmer, ou au contraire souffler sur les braises. Qui va se taire, ou bien silencieusement hurler, comme toujours. Hurler, certes, mais sans un son.
Un pilier de bar, c'est ce qu'aucun d'entre nous ne veut devenir, mais qu'un quart d'entre nous deviendra quand même.
Une baston naît dans les bas-fonds - un pilier est impliqué. Il peut être l'agent provocateur, le réceptacle innocent ou alors, mieux encore et plus souvent, le témoin allusif. Un jeune homme a invité une jeune fille, ou l'inverse, dans un bar - le jeune homme ou la jeune fille veut prouver à sa cible qu'il ou elle sait de quoi se compose la vie : il ou elle se lève, et va parler au pilier.
Un navigateur fait le malin avec sa bête marine - il se doit, nécessairement, de recueillir l'assentiment tacite du Colosse de Rhodes pour explorer plus avant.
Le pilier de bar, c'est celui qui est Tout sur place, précisément parce qu'il ne veut être Rien, mais alors tous les jours.
Le pilier de rade, je l'embrasse et je le respecte, parce que sans lui, aucun bar n'en est un vraiment. Le pilier de bar ne pourra jamais être tricard, parce qu'il se sent intimement trop mal pour ne pas bien se comporter. Le pilier de bar est un objet de mépris, sans doute et bien souvent, mais viens donc lui casser les nerfs, et tu me trouveras face à toi - surtout si, en l'espèce, le pilier de bar, c'est moi. Ca peut arriver.
Je t'assure. Sois malin si tu veux braver l'espoir de tout oublier. Sois fort si tu veux te frotter à la violence d'une vie qui surnage. Sois grotesque si tu veux prouver en public qu'un pilier de rade ne sert à rien : parce qu'un pilier de rade, crois le ou non mon ami, est bien plus présent sur place que tu ne le seras jamais.
Comme un distributeur de cacahuètes, certes, ni plus ni moins, mais comme un distributeur de cacahuètes quand même. Le pilier de rade, à la différence de toi, l'ami, est venu ici sans raison réelle - pas pour se sortir une poulette, pas pour impressionner un pote, pas pour fêter un événement quelconque -, mais il est là, dix fois plus que toi, et il ne te le dira jamais, mais malgré tout, je te l'assure : il t'emmerde, et bien, dans les tréfonds de son crâne. Il te regarde comme un énième blaireau, alors même que tu essaies de l'affronter parce que tu penses qu'il n'est pas grand chose.
Détrompe-toi, l'ami. Le pilier de bar, par définition, tient les murs, et les tenait bien avant que tu ne naisses, au moins symboliquement, au moins ici et ce soir.
Ne l'oublie jamais, imbécile. Il n'est rien, mais il est plus que toi, et très largement.
C'est un pilier de bar. Toi, tu n'es qu'un client.
Le pilier de bar, ici et ce soir, ne te regarde pas parce qu'il ne se sent pas digne de croiser un quelconque regard. Il sent la tristesse au fond de lui, et dans le fond de son verre il trouve un appel anonyme et propre, un espoir sans lendemain, un sourire allusif.
Un pilier de bar ne ressent aucune afection, aucun besoin pour personne, et surtout pas pour lui-même. C'est précisément pour cela que tu ne pourras jamais l'égaler. Et que je ne te le souhaite pas.
Il veut sentir au bout de ses doigts le Vide, et croquer à pleines dents le N'importe Quoi. Etre témoin, voire acteur, d'un de ces débordements absurdes qui naissent sur le sol de ce genre de lieu comme la mandragore aux pieds des pendus. Il veut sentir cela, mais ne le sent que rarement - mais une fois par an lui suffit, très largement.
Et toi, tu n'est que le numéro 234 d'une année qui fait 365 jours un quart. Autant te dire qu'à ses yeux, tu ne représentes pas grand chose. Tu es un épiphénomène, tout au plus, émanation grotesque de ce que son lieu peut produire... alors même que tu penses, et très sincèrement, que l'anecdote, c'est sa gueule.
Imbécile.

F.W. Jonas

Pour contacter F.W.Jonas ou un autre auteur de la revue : revuenoiretblanc@hotmail.com ou laissez un commentaire .

15.10.07

Je Crois Que Ma Copine Lesbienne Est Tombée Enceinte De Moi

J'ouvre la porte et elle saute sur moi, me gifle puis me griffe et je sens ses ongles trop souvent rongés me lacérer violemment.

Si au moins, elle s'était tapée une manucure, ne serait-ce qu'une seule au cours de ces dix dernières années peut-être que j'aurais moins mal à l'heure actuelle mais à l'heure actuelle, je ne devrais pas trop penser à cela car elle s'acharne sur moi, elle fait rentrer l'extrémité de ses doigts dans ma peau, elle me donne un coup et je me retrouve à terre.

Puis j'entends quelqu'un crier (je suis plutôt sûr que c'était moi) et moi la face collée au parquet je vois les pieds de Sarah sortir de la chambre et Elise debout qui chevauche mon corps.

Je ne comprends pas très bien ce qui m'arrive jusqu'à ce que je croise le regard de Elise et c'est en apercevant ses pupilles dilatées par la rage que j'ai réalisé (soudainement) qu'à l'heure actuelle, j'étais dans la merde.

Je Crois Que Ma Copine Lesbienne Est Tombée Enceinte De Moi

C'est un dimanche soir marqué par la solitude que j'ai découvert que je suis victime de dépendance affective.

Toute ma vie, en fait, j'ai été victime de troubles comportementaux divers mais c'est en tombant sur ce reportage sur Discovery que j'ai réussi enfin à mettre un nom sur ce mal qui me berce et me pousse dans des chocs frontaux avec les autres.

La psychiatre l'a dit de manière très explicite devant la caméra :

La dépendance affective se caractérise par des comportements acquis autodestructeurs et des traits de caractère qui se traduisent par une grande difficulté à amorcer et à maintenir des relations affectives saines.

Voila, en deux, trois phrases, mon état m'était révélé et sur le coup, je n'ai pas paniqué, j'ai fait tout ce que les gens normaux font lorsqu'ils se découvrent une maladie, je suis allé sur mon ordi et j'ai cherché des informations sur Google, là je suis tombé sur un site contenant des dizaines de témoignages de dépendants affectifs un peu partout sur la planète qui racontaient leurs histoires (toutes plus pathétiques les unes que les autres) mais aussi et surtout un petit questionnaire.

N'écoutant que mon désir de m'auto-analyser (une technique que j'ai développée durant l'adolescence, plutôt que d'aller voir quelqu'un pour lui parler de mes problèmes, je m'assois et je me pose des questions à moi-même dans ma tête (tu vas bien ? oui, non, qu'est-ce qu'il y a ?), les bouddhistes appelleraient cela de la méditation mais moi j'ai juste mon moi et mon sur-moi Freudien qui s'entretiennent afin de savoir qu'est-ce que l'on pourrait bien faire de mon moi (le corps)), j'ai répondu à toutes les questions et le résultat a été clair, j'étais dépendant affectif à 90 %

Plutôt une bonne note, si c'était un examen j'aurais pu dire que j'ai fièrement réussi mais là en fait tout ce que cela m'a annoncé c'est que j'étais officiellement atteint de DAA (bien sûr certaines personnes auraient voulu voir un médecin ou un thérapeute pour confirmer le tout mais pour moi mon auto-analyse et les résultats d'un test trouvé sur Google me suffisaient.)

Voilà, triste réalité et puis pour être honnête le diagnostic était clair et établi depuis bien longtemps, il suffisait de lire entre les filles qui ont peuplé mon existence, quelques seins mais aucune relation saine.

Je suis toujours passé de phases ou je m'accrochais désespérément à la première femme venue (et cela sans aucune raison apparente) à des phases où je me complaisais dans l'abondance en ignorant les rares filles bien que je rencontrais mais malheureusement le nombre ne remplit jamais le vide.

J'aurais préféré une dépendance sexuelle plutôt qu'une dépendance affective mais ce n'est pas dans la pénétration que réside mon addiction mais dans le moment juste après, celui où je les regarde se crêper le chignon.

L'expérience est si belle que l'on veut éternellement recommencer l'aventure mais cela ne se joue qu'à deux et du partenaire vient le drame.

Mon nom est Anthony Naglaa et durant toute ma vie d'adulte, je n'ai jamais été célibataire, pas une seule fois, je me contente de passer de relation désastreuse en relation merdique, les désastreuses étant celles qui se terminent sans dégât matériel dans mon appartement, les merdiques les autres et ……… je reçois un autre coup de Converse dans le ventre, Elise s'acharne sur moi, Sarah crie, veut nous foutre dehors, moi je relève, traite Elise de conne, lui demande quel est son problème.

Un bouton sur ma chemise Alessandro Fergana manque, si j'étais blanc en ce moment je serais rouge, ce n'est ni drôle, ni amusant, j'ai passé l'âge des conneries d'Elise.

Là, je suis debout à 30 centimètres de la porte, Elise semble vouloir me péter la gueule (je suis et j'ai toujours été un jeune homme perspicace) mais ce qui me rassure c'est que Sarah semble vouloir péter la sienne, c'est bon, si les choses tournent mal (ou au moins pire qu'elles ne le sont actuellement (les choses)) j'aurai quelqu'un pour me défendre.

Je décide de calmer un peu le jeu, je prends ma voix d'homme en contrôle de la situation (30 décibels plus haut dans le grave), je dis héroïquement : laisse moi faire, je vais régler ça, je prends Elise par sa vieille veste Zara qu'elle porte tout le temps et je la fous dehors, lance un clin d'œil a la Cary Grant a Sarah (héroïque, je vous dis) et rejoins Elise sur le palier, là je dis toujours avec mon ton grave (30 décibels dans le grave) Sarah ferme la porte, Elise et moi, on doit se parler.

-Bon, c'est quoi ton problème, c'est quoi cette idée de débarquer chez moi à cette heure-ci et te mettre a jouer la violente schizo névrotique, ça va pas ou quoi ?

-…………………

-Tu peux parler là Elise tu sais, pas besoin de jouer à la sociopathe névrosée, je t'ai déjà dit.

-........

-………..

La je lui fait mon air de type qui la regarde vachement méchamment, elle comprend et me dit, dis a ta petite conne qu'on va faire un tour.

En temps normal, j'aurais protesté, comment ça ma petite conne, arrête de lui manquer de respect, etc….. mais vu l'état de la situation (j'ai eu beaucoup de plaisir a écrire ce milieu de phrase, l'état de la situation, c'est de la grâce littéraire tout ceci) mais revenons a Elise, ah Elise…. elle ne changera jamais, 1m70, un vieux Levis, un t-shirt blanc trop large qui cache ses seins, une coupe carrée, une veste Zara tachetée achetée au début des années 2000, des Converses pourries, un regard de schizophrène et malgré tout un sourire d'ange.

Meilleure amie depuis l'enfance (un jour, on va se faire tatouer nos noms au milieu de cœurs bien rouges (charmant comme Milwaukee dans les années 1950), un même goût violent que moi pour les filles avec en plus beaucoup plus d'audace et de couilles.

Si elle est aussi énervée, c'est qu'il y a sûrement quelque chose de relativement grave que j'ai fait (dans mon cas, ça peut aller d'avoir oublié une capote usagée dans son lit quand je me sers de son appart pour tromper Sarah en toute impunité ou d'être allé au bar au coin (de chez elle) où elle a ses habitudes et d'avoir commandé un peu trop d'alcool en disant au proprio que t'inquiète, c'est sur la note à Elise).

Je sais qu'il y a qu'une façon de la calmer, aller boire un kir martini mélangé avec une demi-kro (un truc infect qu'elle aime bien (je crois qu'elle se sent déglinguée chic quand elle boit ça) alors je lui dis, bon on va boire un verre, je t'invite, tu me diras ce qui ne va pas.

Tout de suite, je la sens sourire un peu (lèvre du haut qui se soulève d'un demi-millimétre, un truc non repérable à l'œil nu, sobre et non habitué).

Direction le bar La Bouteille Vide, un charmant endroit si on oublie le fait qu'il y a un clebs malade que le proprio héberge et qui lèche la vaisselle de temps en temps (la bave de chien se distingue trés bien dans un verre de vodka sur glace, il ne faut pas s'en faire avec ça).

Comme d'habitude il n'y a pas grand monde, mais moi je suis sûr que le proprio fait fortune avec un petit racket d'antennes paraboliques braquées directement sur des pays du monde que l'on quitte avec le corps mais jamais réellement avec le cœur.

Une histoire de contraception

Tout de suite notre table du fond, on commande un couscous (à cette heure là pas de problème, il le réchauffe au micro-ondes, un peu (beaucoup) de Harissa et c'est presque bon), Elise prend deux kir-martini mélangé à une demi-Kro, je prends un diet Red Bull (sans sucre, c'est important pour un tas de raisons), deux shooters de vodka et une Heineken.

Ça se passe presque bien, Elise est assise en face de moi, presque calme, en tout cas, l'air moins névrosé (si elle était un film de Woody Allen, là elle serait A Midsummer Night Sex Comedy et non pas Hannah et ses soeurs).

J'essaye de rester calme, surtout ne pas penser qu'avant qu'Elise débarque j'avais presque réussi à obtenir une faveur sexuelle de Sarah en lui promettant de faire la vaisselle (ah, la magie et le romantisme des vieux couples de plus de six mois), je rentre pas directement dans le vif, je lui dis des trucs très importants en prenant un air très sérieux comme bon et ta journée, la relaxer dans la calmitude mais apparemment ça ne marche pas.

Elle me répond pas, bouffe en me regardant a peine, se tape ses deux kirs en une seconde, relève la tête de temps en temps et me lance un regard sérieusement menaçant, se remet a bouffer, regarde un peu Euronews (sans que personne ne comprenne réellement pourquoi, le poste de télé du bar est toujours branché sur Euronews), apprend que le CAC 40 a baissé, ça semble l'intéresser, tant mieux, si ça peut la détendre.

Finalement, elle finit la semoule, commande deux autres kir recette Elise, regarde deux filles passer, se lève, va en draguer une, revient, me demande 20 euros, dans la situation présente j'ai pas le choix de les allonger, elle les prend sans me dire merci, paye a boire aux filles, discute avec, ça dure une heure, moi j'en profite pour prendre une dizaine de shooters et finalement Elise revient.

Elle semble heureuse, je pense qu'elle va conclure avec une des deux filles plus tard dans la soirée, elle me dit, il faut qu'on parle.

Je me lève, je paye, on va dans la vieille gold d'Elise et c'est la qu'elle m'annonce la nouvelle :

Anthony, je suis enceinte, enceinte de toi.

Elise

Elise a toujours été une jolie fille, le genre a faire des collectes entre les cuisses des jeunes filles, je la connais depuis au moins une bonne quinzaine d'année, classe de CM2 pour être précis, cours de français Madame Portobin qui nous terrorisait, moi comme toujours nul en dictée mais excellent en rédaction et Elise le contraire.

Elise était ma voisine assignée pour l'année et découvrant nos aptitudes naturelles et opposées on a très vite compris que l'on pouvait s'entraider, alors on a passé un contrat (Malabar et VHS porno comme bonus de signature), elle m'aidait à passer à travers les dictées de Madame Portobin et moi, je lui donnais des idées pour les rédacs.

De là s'est développée une profonde amitié qui a enduré le cours des années.

Ensemble, on a vu notre goût pour les filles se développer, ensemble on s'est mis a draguer sans succès à peu prés tout ce qui bouge et qui a des seins du collège au lycée et nos week-ends on les passait à monter des plans pas possibles pour réussir à voler de l'alcool dans le bar de ses parents, à salir les Union magazine de son grand frère, a organiser un trafic de film du premier samedi du mois sur Canal ou à nous gaver de mangas japonais sous-titrés.

Elle et moi, on était les marginaux de la sixième a la terminale, étant moi quasiment le seul noir de cette fichue école privée catholique et elle la seule fille avec une coupe au carrée qui foutait une trempe à n'importe quelle gamine qui lui manquait de respect.

On était les deux seuls avec des comportements asociaux, ceux qu'on invitait dans aucune soirée mais bon on était là l'un pour l'autre, une sorte d'amitié étrange nous unissait, un peu comme des frères et sœurs, on faisait tout ensemble, prenait nos douches ensemble même parfois défoncés pour délirer et pourtant sans que l'idée de faire quoi que ce soit ensemble ne nous traverse jamais la tête.

A 18 ans, on a décidé de quitter Paris ensemble, direction Montréal, l'Amérique en français et on n'a pas été déçu, les filles, la belle vie, la nuit, Montréal a tenu toutes ses promesses mais au bout de quelques années, on s'est lassé, de tout, de rien, de la facilité sûrement.

Montréal commençait à ressembler à un immense buffet et on en avait assez de se gaver.

Ainsi peu de temps après notre graduation, Elise a décidé de rentrer et moi je suis resté, seul, a Montréal, je me suis fait a l'idée d'être sans elle ……..j'ai tenu quatre mois avant d'aller la rejoindre.

Sarah (une ex-actrice de théâtre reconverti dans la comptabilité) celle avec qui je sors depuis déja deux ans, a trouvé un stage à Paris et moi qui ne faisais pas grand-chose à Montréal et avec en plus Elise qui me manquait (accessoirement ma famille aussi) alors voila, je suis venu.

Sarah

Sarah et moi on s'est trouvé un petit appart pas loin de Montparnasse (pour le trouver, c'est Sarah qui s'est occupé de tout, les jeunes noirs aux cheveux longs, diplômés mais qui font pas grand-chose de leur vie sont rarement les locataires privilégiés des propriétaires.)

Revoir Elise m'a fait du bien, habiter avec Sarah beaucoup moins alors les soirs de déprime, je me précipitais chez ma meilleure amie pour boire et me ressourcer comme je l'ai fait avec elle tout au long de ma vie et c'est un soir de grammes de sang dans l'alcool que tout est allé beaucoup trop loin entre nous.

La boîte de Sarah organisa une convention entre les meilleurs comptables Européens a Deauville, l'occasion pour les D.R.H., les D.G., les D.A., les D.P. et même les stagiaires éternels chairs à canon du monde de l'entreprise comme Sarah de se réunir entre gens passionnants (des comptables donc) pour discuter de tout et de rien (le tout comprenant les nouvelles méthodes de dresser des bilans comptables en prenant en compte les nouveaux logiciels et les paradigmes financiers mis au point récemment et le rien comprenant leurs vies privées).

La convention se déroulait à Deauville et Sarah y est allée tous frais payés par sa boîte, une semaine plus ou moins de rêve dans un hôtel convenable, elle avait même le droit d'amener son compagnon mais ledit compagnon ne voyait dans cette convention qu'une occasion rêvée de passer une semaine a faire autre que regarder la télé et baiser la femme de sa vie de maniére mécanique a la fin d'un épisode particulièrement, je cite là encore, bouleversant de Grey's Anatomy.

Sarah est partie comme prévu un lundi matin assez tôt (je le sais parce que Télématin jouait encore alors que d'habitude je me lève avec le journal de 13 heures (j'aime me faire peur le matin au réveil, je vis dangereusement moi)).

Il y a eu un petit flottement dans le vide quand elle a franchi la porte avec sa fausse valise Gucci, je me suis rendu compte que j'étais seul, réellement seul.

Il vient un moment dans la vie d'un homme ou il se rend compte que pour l'être qu'il croit aimer, il a sacrifié ses amis, sa famille et même sa carrière et ce moment-là a été pour moi ce lundi matin.

C'était vrai, même si je faisais semblant du contraire, j'étais tellement bien avec Sarah que je n'avais pas ou plus le désir de faire quoi que soit, je me complaisais dans sa présence comme une excuse pour ne plus avoir de désir ou d'envies autres que celle d'être avec elle.

Et cela à un point tel que depuis mon retour à Paris, je n'avais encore passé une seule soirée complète avec mes parents ou même revu certains de mes vieux potes du quartier.

Certes, je trompais (ce mot est inapproprié) quelques fois Sarah avec des filles rencontrées dans les boîtes crades où Elise traînait mais il n'y avait rien d'autre dans ces actes consumés que de la très fade consommation destinée à agrémenter mon ego parfois chancelant de ne rien ou de ne quasiment rien faire de mes journées et pour tout dire ma vie sociale se résumait à deux femmes, Elise et Sarah.

C'était triste mais c'était ma triste réalité et je pense que ça arrangeait Sarah, mon cercle de fréquentation étant réduit a deux personnes et l'une d'entre elles étant justement ma compagne et l'autre ma copine lesbienne, Sarah était convaincu qu'au moins ainsi je ne la tromperais pas et cette idée lui fit passer outre la répulsion évidente qu'elle avait pour Elise.Ces deux-là se sont en effet immédiatement et incroyablement détestées.

Je pense que Sarah reprochait à Elise de me rassurer dans ma quête permanente de légèreté et qu'Elise détestait Sarah pour toutes ces envies qu'elle créait en moi de gravité, de soirées a la maison et de dimanche au lit à regarder une rediffusion d'un Woody Allen sur ArtTV.

Elles étaient mon ombre et ma lumière mais les jours d'éclipse étaient rares et je ne pouvais donc que les fréquenter séparément.

Cette dichotomie de mes fréquentations féminines a créé en moi la perception de mener une double vie et cela de manière tout à fait légitime car chacune des parties impliquées connaissait parfaitement l'existence de l'autre.

Le Départ

Il existait ainsi deux Anthony Naglaa et avec le départ de Sarah, le Anthony Naglaa qui ne se sent vivant que pendant les quelques secondes où il compte les pas avant d'entrer dans une nouvelle boîte se sentait libre de concubiner platoniquement avec sa meilleure amie.

Dés le départ de Sarah, je suis allé a la boulangerie du coin me prendre un café-croissant puis je suis allé au Monoprix, celui avec la petite caissière qui sent bon comme un après-midi sur la plage à Barcelonita et qui donne des sourires gratuitement.

J'ai du prendre assez d'alcool pour survivre a un enfermement dans une cave avec Elise pendant un mois.

J'ai pris tous les habits nécessaires pour attirer le regard de n'importe quelle jeune fille moindrement superficielle et je me suis précipité chez Elise.

Les premiers jours se sont très bien déroulés, débarquement de femmes (principalement pour Elise) et d'alcools (principalement pour nous deux).

La journée on essayait de n'avoir rien à faire en se couchant le soir le plus tard possible,

On faisait tout ce qu'on pouvait pour ne pas avoir à se réveiller avant 15 heures minimum.

Ensuite, il suffisait juste de traîner un maximum jusqu'à ce que l'on puisse commencer à boire sans (trop) culpabiliser.

Tout se passait bien entre cuisses et fonds de bouteilles (Elise était une beaucoup plus grande consommatrice des deux que moi) et c'est le quatrième soir que l'on est devenu fou.

Ce soir là, on était trop fatigué tous les deux pour tenir la longueur ou pour sortir nous donner des raisons d'utiliser notre langue.

On a alors décidé de rester a la maison, de se louer des vieux Woody Allen et de se reposer en buvant modérément.

On s'était fixé une limite d'une bouteille de rhum qu'on buverait après le Allen en lisant chacun un Gutierrez.

Le rhum était importé directement de la Havana, un peu fort mais un peu trop bon pour que l'on s'en soucie, Elise surtout qui ce soir là n'avait pas consommé de stupéfiants devait se sentir mieux que d'habitude mais il faut croire que notre fatigue était telle qu'après quelques verres, l'on s'est mis très rapidement a délirer.

Elise a commencé à parler de la fille qu'elle avait ramenée hier du Neon Lounge, une belle brunette, le corps de Belluci (Monica) et le charme de Gainsbourg (Charlotte).

Dés que la fille a croisé Elise, elle lui a balancé toute sa chaleur et son désir de chair en un regard, Elise très vite s'est mis a ressentir beaucoup d'amour au niveau des hanches et n'a pas pu se retenir et des envies délicieuses se mirent a couler tout au long de ces cuisses.

Elle et la brune se sont attrapées très vite, je pense que ça a fini (une longue fin de deux bonnes heures) dans les escaliers qui menaient à l'appartement d'Elise.

De reparler de tout ça, de la fille d'hier, de sa bouche qui semblait avoir été faite pour se fondre sur le con d'Elise, de l'équilibre et de la justesse de ce monde qu'Elise avait ressentie quand elle s'immisça dans les cuisses de cette charmante inconnue nous a irrémédiablement donné envie.

Il y a des choses qui se sont mis à naître naturellement dans nos bas-ventres mais on avait réellement pas envie de sortir de l'appartement d'Elise pour satisfaire ces envies et encore moins envie qu'une étrangère s'immisce parmi nous ce soir là ou l'on avait désespérément envie d'être seul (tout ceci est une question d'envie).

De temps en temps, on avait tous les deux un fort besoin de s'isoler, c'était pour nous une nécessité, un besoin que même l'envie de regards lubriques et de corps feutrés les uns contre les autres ne pouvait changer.

Pendant qu'Elise pensait à sa rencontre furtive avec des talents linguistiques dignes des plus grandes péripatéticiennes de Porte de la Chapelle, moi je ne pensais qu'à Sarah (uniquement à elle, j'avais beaucoup couché avec d'autres femmes, ma mémoire ne gardait qu'une vague impression de plaisirs fugaces, agréables uniquement dans le contexte où ils étaient socialement répréhensibles et cependant malgré le peu de plaisir que je retirais de ces adultères consommés, une force en moi m'empêchait d'arrêter, comme une pulsion et un ardent désir de profiter de tout, de profiter de rien dans le fond car après l'orgasme (les fois où je ne le simulais pas) avec ces filles de passages, je ne ressentais rien d'autres qu'une sensation de vide et des regrets que je m'empressais de noyer dans tout ce que je pouvais trouver (parfois même d'autres jus issus de femmes éphémères).

Malgré mes regrets post-éjaculatoires, de maniére générale, je ne ressentais pas réellement de remord dans le fait de tromper Sarah, une partie de moi se disait même que si Sarah faisait la même chose de son côté, ma grandeur d'âme ne lui en voudrait pas (comment décemment pourrais-je) et ce soir là mon désir pour Sarah était tel que je me mis à la voir entre les mouvements d'Elise, quand Elise souriait cela me rappelait Sarah, quand à un moment elle s'est levée avec sa petite culotte Chloé, je me suis rappelé les week-ends ou l'on s'enfermait Sarah et moi pour ne faire rien d'autre que le faire et où son seul vêtement pendant prés de 48 heures était ces petites culottes American Apparel que parfois même elle n'enlevait pas et l'on s'arrangeait pour que je puisse la pénétrer légèrement, tendrement en mettant sa petite culotte de coté.

C'est un truc qui a rapport avec les seins.

Ce soir là, pour la première fois, je me suis mis à regarder Elise différemment, je ne sais pas si c'était d'avoir passé tellement de temps enfermé dans notre appartement avec Sarah mais revoir Elise pour la première fois pendant plusieurs jours d'affilée a semble-t-il grandement perturbé ma vision d'elle.

C'est comme si un amalgame s'était amené dans mon cerveau et que je prenais Elise pour Sarah, pour la première fois depuis l'époque de mes quinze ans je me suis mis a regarder Elise avec attention quand elle se changeait devant moi, pour la première fois depuis mes 17 ans et demi je me suis mis à fixer la pointe de ses petits seins qui s'agitaient sous son beaucoup trop grand t-shirt quand elle riait.

Je ne sais pas si Elise l'a remarqué mais pour la première fois devant moi elle n'était plus ma meilleure amie mais une femme qui avait passé la soirée a demi-nue devant moi, une femme pour qui je ressentais quelque chose d'incongru, du désir.

J'ai pris l'éveil puissant de mon désir pour Elise pour une simple maladresse du destin, un coup du sort qui me donnait envie d'un coup de langue.

J'ai fait semblant de ne rien ressentir et j'ai continué à passer la soirée à regarder ces vieux Woody Allen, je pense que j'ai réussi à me contrôler jusqu'à ce que je voie Julia Louis Dreyfus de Seinfeld baiser au coin d'une fenêtre au début de Deconstructing Harry.

Puis, ce qui ne devait surtout pas arriver arriva mais il faut savoir que c'est avant tout la faute de Woody Allen, sa faute si Elise finit par remarquer que je n'arrêtais pas de la regarder mais surtout que je me suis mis à la regarder très différemment d'un coup.

Je mets la faute sur Allen mais aussi sur Gutierrez et ses lignes sales, Elise m'a demandé si j'allais, elle avait l'impression que je semblais légèrement agité.

-T'es sûr que ça va Anthony ?

Et là moi qui ne savais pas très bien mentir je lui dis oui.

-Tu sais très bien à quel point je fantasme sur Elaine Benes.

-Ouin……qu'elle me dit avec le sourire puis elle s'est remise à fixer l'écran.

C'était un petit moment magique, on était à trente centimètres l'un de l'autre, elle était assise en moine bouddhiste à mes côtés, on voyait de plus en plus la forme de ses seins se dessiner sous son Martin Maguilera, sa position du lotus faisait ressortir le coté qui me donnait envie de ses hanches, j'étais troublé, réellement troublé, pour la première fois je ressentais une envie de brûler pour cette femme avec qui j'avais passé mon enfance et mon adolescence, j'en aurais même eu du chagrin tiens de désirer cette femme qui était avant toute chose mon amie tant j'avais l'impression que sur son corps semblait couler une fine couche de lubricité.

Que m'arrivait-il, étais-je devenu à moitié fou, ce n'était pas réellement le moment de briser une amitié de quinze ans, il fallait que je me ressaisisse ou qu'au moins je me saisisse autre chose ailleurs pour réussir à asservir ce désir naissant.

Je suis parti à la salle de bain me rincer le visage et quand je suis revenu, les choses ne se sont vraiment pas arrangées, elle était cette fois sur le ventre sur le tapis du salon, je la voyais à terre et je me disais que je n'avais pas remarqué qu'elle avait d'aussi belles fesses, quelle connerie quand même l'amitié.

Je me suis dit que c'était un sévisse de la voir ainsi et moi qui ruisselais de vices, d'idées et de perversité, je me suis dit qu'il fallait que je la touche pour que je devienne à nouveau calme et tranquille, calme et tranquille, je ne sais plus trop comment s'est arrivé, ma fièvre et mon agitation me l'ont fait oublier mais j'ai posé ma main sur ses fesses.

Sur le coup, Elise n'a pas bougé, elle est habituée à ce que je la touche mais cela a toujours était amical.

Je lui dis Elise t'as changé non et elle me demanda changé comment ça, là je dis ben, je sais pas, ton corps, tes formes, je sais pas, t'as changé et puis d'un coup très brutalement elle me demanda d'enlever mes mains de sur ses fesses.

-Bon, si tu insistes…….

Et on s'est mis à re-regarder Deconstructing Harry et ce petit jeu entre elle et moi dura un instant, je trouvais n'importe quel prétexte pour la toucher et elle violemment elle me le faisait regretter (quelle conne violente elle pouvait être).

Tentative(s) de rapprochement

Tentative # 1

C'est la scène où Woody Allen se fait agresser par la sœur de son ex-femme sur le toit de son immeuble.

Méthode :

J'essaye de me coller à Elise par derrière, dans la position de la cuillère pour être précis.

Résultat :

Elle me fout un coup de coude dans le ventre puis fait repeat sur la scène.

Tentative # 2

Woody Allen se voit out-of-focus et a l'impression d'être flou.

Méthode :

Elise s'est mise sur le canapé, je m'assois derrière elle (jusqu'ici tout va bien), passe mes bras autour de sa taille (tout va toujours bien, il nous arrive fréquemment de nous coller entre amis) puis discrètement je tente de remonter le long de son corps pour toucher ces seins qui m'intriguent depuis tout a l'heure.

A un moment, las de ces attouchements elle me demanda ce que j'avais.

- Rien.

- Comment ça rien, t'arrêtes pas de me toucher depuis tout a l'heure, t'as bien quelque chose, tu me touches pas sans raison.

- Ah parce qu'il faut avoir une raison maintenant pour toucher sa meilleure amie, dans quel monde vit-on.

- Arrête de faire l'offusqué.

- ……..

- ……….

- T'as changé tu sais, je veux dire tes ……… et tes ……………., t'as vraiment changé.

- Je pense que j'ai compris.

Et là, elle se leva sur le canapé en un bond, enleva son Martin Maguilera et me montra naïvement son corps saisissant.

- Tu vois, j'ai arrêté le régime sushi et coca-cola light que j'avais a Montréal et boom, voila, j'ai pris un peu de poids, j'ai bronzé un peu aussi à Barcelone, donc pa-pam me voila.

Elle n'avait aucune idée d'à quel point ce qu'elle était devenue était une femme belle et désirable, je ne sais pas où j'étais les trois derniers jours, en fait où j'étais depuis mon retour à Paris mais je ne m'étais pas rendu compte d'à quel point mon amie névrosée avait disparu pour laisser place à une fille immensément jolie avec des seins qui pointaient vers la vie, des jambes qui semblait faite pour conquérir Paris, j'avais envie de poser ma main sur elle de maniére désintéressée, un peu partout sur son corps et elle, elle et sa naïveté qui me considérait toujours comme l'ami qui l'avait vue nue des centaines de fois et même plus.

Au fond, peut-être qu'elle n'avait absolument pas changé mais le fait que pour la première fois de ma vie, j'ai été séparé d'elle pendant prés de quatre mois a rompu un lien de chasteté et d'amitié purement platonique qu'il y avait auparavant entre elle et moi.

A un moment ne tenant plus et me promenant dans les sillons d'une saine honnêteté qu'il y a toujours eu entre Elise et moi, je me suis assis prés d'elle et je lui ai dit les quelques mots que je pensais jamais prononcer devant elle :

Elise, je ne sais pas ce qui m'arrive mais j'ai vraiment envie de toi.

Elle s'est levé, m'a regardé, elle a ri un peu puis souri, pris un air sérieux, un air très sérieux, elle m'a menacé, elle s'est énervée, m'a demandé ce qui me passait par la tête, elle a ri encore un peu, elle s'est assise puis elle est allé se chercher une bière, elle m'a demandé ce qui pouvait bien me passer par la tête, elle a mis son bras autour de mon cou, a serré un peu (elle est parfois violente), s'est relevée et a enchaîné une autre bière, m'a fixé des yeux en se balançant un autre shooter de rhum puis m'a demandé le plus sérieusement du monde.

- T'es con ou quoi ?

- Non, je veux dire oui, oui mais …….je sais pas, c'est comme si………je veux dire……on est la et tout et puis c'est comme si d'un coup mais vraiment d'un coup. j'ai eu envie de toi mais vraiment là d'un coup tu vois.

- Non, je vois pas et puis qu'est-ce que tu veux que ça me fasse que t'aies envie de moi, est-ce qu'on peut finir le film tranquillement.

- Ouin…..mais……..

- Il y a pas de mais.

- T'as besoin d'être autoritaire comme ça ? Attends, moi, ton pote, je viens je te parle d'un truc profond et sérieux que je ressens et tu…………

- Et tu veux qu'on fasse quoi, que j'écrive un haïku sur toi parce que soudainement t'as eu envie de moi ?

Faut vraiment que tu gâches tout toi, c'est pas possible, on est là, on passe une superbe soirée, du bon rhum, la classe quoi et toi tu viens et tu m'annonces que tu as envie de moi, tu veux quoi, un cookie ?

- Non…. je…….

Et on s'est mis à rire tous les deux.

Le contrat

Deux, trois heures ont passées, on a continué a boire dans la morosité et la banalité, film de Woody Allen après film de Woody Allen quand à un moment j'ai cédé et je lui demandé :

- Ça t'a jamais tenté d'essayer ?

- D'essayer quoi ?

- Tu sais, avec moi…….

- ……..

- Je ……je veux dire…….

- Tu sais, on a déjà essayé.

Et là, elle s'est mise a me remémorer quelques tentatives infructueuses de pénétrations vaginales qui sont arrivées au cours de notre adolescence.

Il faut dire que je les avais oubliés ces incidents (sauf la fois où il y avait du Nutella impliqué), après tout, on était que deux jeunes qui découvrait notre corps ou plutôt le corps du sexe opposé.

Il faut dire qu'à Elise, cela ne lui a vraiment pas donné envie de prolonger l'expérience, et sur moi cela eut l'effet contraire.

C'est drôle, c'est comme si j'avais totalement rangé dans une case de mes mémoires toutes ces expérimentations sexuelles, je me demandais d'ailleurs comment Elise faisait pour s'en souvenir encore et c'est là que j'ai compris.

- Comment ça se fait que tu y penses encore toi ?

- Comment ça, comment ?

- Je sais pas là, ça fait vachement longtemps quand même, dix ans au moins et ……..

- Tu sais, j'ai pas connu beaucoup d'hommes depuis.

- Ouin, je sais mais……..

- Te sens pas flatté et là elle s'est mise a me frapper (avec l'oreiller).

- Pourquoi, il faut toujours que tu sois violente quand il se passe quelque chose de sérieux.

- Parce que tu penses que c'est sérieux tout ça.

Et là, elle s'est mise à me faire la liste de toutes les choses absolument très sérieuses qui se déroulaient dans le monde quand moi je lui ai annoncé très clairement que j'allais me coucher.

Seulement voila, elle et moi, on a pris l'habitude de dormir dans le même lit et ce soir là, on a en même temps eu l'intuition que ce ne serait peut-être pas la meilleure des idées.

- Bon ce soir, je vais dormir sur le canapé.

- Arrête de te la raconter, je te signale que c'est toi qui saute sur moi depuis tout à l'heure et non pas le contraire, donc tu devrais réellement te calmer deux secondes et arrêter d'être paranoïaque.

Moi, j'essayais juste d'arranger les choses, je savais bien que me coller a nouveau à elle m'aurait rendu a nouveau hystérique et comme j'étais le seul ici a être émoustillé par tout ceci alors mon âme humaniste lui a dit :

- Tu sais, je pense que toi et moi, on devrait……..tu vois quoi, je veux dire toi et moi, entre potes juste pour essayer Elise, je te promets ça va être sympa.

- Ouin, peut-être qu'elle me répondit, mais je déteste le faire à cette heure la en étant sobre.

- Sobre, on s'est tapé deux bouteilles, qu'est-ce que tu racontes ?

- Écoute, tu comprends jamais rien et puis je veux dire de toute façon, j'en ai pas envie, moi tu sais j'aime me faire manger le matin plutôt, ça s'est un véritable plaisir, tu te réveilles, tu n'as rien a faire et tu jouis, le paradis alors que là avec toi après m'être tapé une heure et demi de l'autre névrosé New-Yorkais, cela me donne beaucoup moins envie.

-Donc Woody Allen est le responsable de tout ceci, c'est ça, quand tu n'as rien à faire, tu blâmes le…..bref, ça n'a aucune importance.

Et c'est ainsi, que l'on est allé se coucher elle et moi ou plutôt elle est allée se coucher et moi j'ai tenté de dormir devant la télé.

Une heure a passée avant qu'Elise ne revienne me voir, elle était toute excitée, quasiment hystérique et m'a parlé d'une idée GÉ-NIA-LE qu'elle venait d'avoir.

- Voila, j'arrivais pas a dormir et tout (Oui, j'ai compris) et j'ai pensé à une chose, tu vois, toi et moi, ça fait quoi, dix, quinze ans qu'on se connaît, tu vois, ce qu'on pourrait faire c'est trouver un moyen d'être ensemble, je veux dire, d'essayer des choses ensemble, sans que ça change notre amitié, tu vois ce qu'on a entre nous est vraiment bien et vraiment important.

- Très important.

- C'est une pure amitié.

- Pure, pure, je ne saurais dire mieux.

- Et bien voila, notre amitié est tellement pure que ce serait con de la gâcher.

- Tout à fait con, tout à fait.

- Donc, il faudrait trouver un moyen d'essayer de……

- Tu veux dire essayer de …….de………

- Oui, essayer de…….mais.........

- Oui parce qu'il faut absolument qu'il y ait un mais.

- Tout à fait Anthony, le mais est très important.

- Je confirme sur l'importance du mais…..mais quoi ?

- Mais voila, j'ai envie d'essayer, je veux dire, t'es mon pote.

- Ton meilleur pote.

- Oui, mon meilleur pote.

- En fait Elise, je crois bien que je suis ton seul pote.

- Seul, meilleur, ça n'a aucune importance.

- Aucune Elise, aucune.

- Et donc, on pourrait essayer à condition que cela ne change rien mais je veux dire absolument rien entre nous.

- Absolument rien du tout Elise, absolument rien.

- Donc t'es partant.

- Moi, moi mais bien sur.

- On essaye alors.

- On le fait.

- C'est un contrat absolument clair.

- Oui.

- Donc, on va dans le lit, on essaye ce qu'on a envie d'essayer, on voit ce que ça nous fait…

- Beaucoup de bien, beaucoup de bien….

- Oui, donc on essaye mais après voila, on en parle plus, on se prend jamais la tête avec ça, voila, on essaye comme la fois où on a essayé de rencontrer des filles de Polytechnique.

- Ah, ne parle pas des filles de Polytechnique, qui aurait pu penser que…..

- J'y pensais tu sais mais comme tu m'écoutes jamais Anthony.

- Bref, bref…donc voila, c'est un contrat.

- Deal.

- On garde le meilleur des mondes.

- Oui.

- Oui, notre amitié doit strictement rester inchangée.

- IN-CHAN-GÉE.

- C'est le mot clé, le mot C-L-É.

- Pourquoi tu épelles le mot clé ?

- …………….

- …………..

- On y va ?

- Oui.

- Let's go.

Fin

Et c'est comme cela que j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie.

Bien sur, avant cela, Elise a fait que c'était absolument inapproprié d'employer l'expression Let's go juste avant d'aller dans le lit avec elle mais bien sûr j'étais trop ailleurs (dans l'envie d'elle qui baignait profondément dans mon cerveau pour être exact) pour donner une quelconque importance à une de ses énièmes divagations.

Ce soir là, Elise et moi, on l'a essayé une fois, puis une deuxième (encore plus maladroitement que la première) puis on a réussi à comprendre comment cela pourrait fonctionner entre une femme qui a beaucoup d'expérience (énormément (mais aucune avec un homme)) et un homme qui avait eu un étrange et intense désir pour son amie.

J'ai le souvenir qu'à des moments cela avait été bon (très) et à d'autre, terriblement inconfortable.

Je me souviens aussi que l'on s'était protégé mais apparemment pas assez puis qu'à des moments on se reprenait avec ardeur et qu'on a du dans tous ces élans oublier les contraceptifs.

Résultat, deux mois plus tard, le soir où cette histoire a débuté, Elise m'annonçait qu'elle était enceinte (de moi) et c'est là que tous les grands bouleversements ont commencé mais ça, ça s'est une autre histoire.

Anthony Naglaa

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